lundi 7 octobre 2013

QU'EST-CE QUE LA "MÉNESTRANDISE"?


La Ménestrandise...

La ménestrandie ou ménestrandise est l'art des ménestrels. Il existait au Moyen Âge de nombreuses écoles de "ménestrandie" - de "manus", la "main", en latin -, ancêtres des Académies et Conservatoires actuels.

La "Ménestrandise" est aussi une corporation française de musiciens, ménestrels et saltimbanques fondée à Paris le 14 septembre 1321, confirmée dans ses statuts en 1407 et 1659 et qui a existé jusqu'en 1776.

Historique...

La Ménestrandise, ou corporation des ménestrels, est créée en 1321 dans le but d'écarter les musiciens vagabonds dont l'activité était considérée comme dégradante. L'organisation atteint son apogée au XVIe siècle.


Le musicologue François Lesure souligne quelques traits importants de la corporation :

- la Ménestrandise est structurée selon une hiérarchie implacable : une assemblée restreinte de maîtres, trois gouverneurs et un directeur général qui porte le titre de "roi des ménétriers" ou "roi des violons", nommé personnellement par le roi de France.

- elle possède plusieurs immeubles à Paris, rue des Petits-Champs, rue Saint-Martin, rue des Croissants ainsi que sa propre église, l'église Saint-Julien-des-Ménétriers, détruite durant la Révolution française

- elle instruit et forme les musiciens selon un parcours d'études de quatre années et les reconnaît officiellement après un examen soutenu en présence du roi ou de l'un de ses lieutenants.

Toutes ces caractéristiques démontrent que la Ménestrandise vise à institutionnaliser la profession de musicien en donnant à ceux-ci statut social et respectabilité, marquant ainsi la frontière entre ses membres et les vieux ménestrels médiévaux. Il est donc normal que la vielle, l'instrument classique du musicien mendiant, ne soit pas incluse dans la liste des instruments de musique dressée par la Ménestrandise.

Philippe Beaussant soutient en revanche que la Ménestrandise comprenait également des joueurs de vielle. La contradiction semble s'expliquer par le fait qu'initialement la ménestrandise rejetait les joueurs de vielle mais que dès le moment où son autorité avait commencé à décliner, elle avait admis mendiants et saltimbanques pourvu qu'ils payent.

La ménestrandie s'épanouit au XVIe siècle avec les instruments dits "hauts" (nobles) (comme le violon), à l'exclusion de ceux dits "bas" (vulgaire) (comme la vielle) et est pratiquée par des groupes de musiciens professionnels ou semi-professionnels.

En plein XVIIe siècle, la corporation s'éloigne largement de l'idéal originel et cherche à toujours plus imposer ses musiciens en leur faisant payer taxes et cotisations associatives. Quand elle fut formellement reconnue par le roi Louis XIV en 1659, la corporation chercha à étendre son autorité sur tous les musiciens, organistes, clavecinistes et autres instrumentistes de la cour. Seul pouvait jouer en public celui qui payait sa cotisation d'inscription à la Ménestrandise. Selon le règlement de la corporation :

« Aucune personne du royaume de France ou étrangère ne peut enseigner la musique, danser, se réunir de jour ou de nuit pour donner des sérénades ou jouer d'un instrument dans les mariages, les assemblées publiques ou ailleurs, ni, de manière générale, rien faire qui concerne l'exercice de la musique, s'il n'est reconnu maître et approuvé par le roi et ses lieutenants, sous peine, la première fois, d'une amende avec saisie et vente des instruments, et punitions corporelles la seconde fois. »

La Ménestrandise est abolie en février 1776 à la suite de la publication d'un édit établissant la liberté des arts, quinze ans avant le décret d'Allarde supprimant les corporations.

Le Roi des Ménestrels


La Ménestrandise est présidée par un directeur qui porte le nom de "roi des ménétriers" ou "roi des violons".

Le document le plus ancien sur lequel on trouve une référence à cet office est un État des officiers de Philippe le Bel où figure en 1288 mention d'un "roi des joueurs de flûte".

Toujours sous le règle de Philippe le Bel, un jongleur du nom de Jehan Charmillon, né vers la moitié du XIIe siècle, est nommé "Roi des ménestrels de la ville de Troyes" en 1295.

Durant le règne de Louis X, un certain Robert reçoit le titre de "Roi des Ménestrels" par une ordonnance de 1315, quand la corporation n'existe pas encore officiellement. Après la fondation de la "Ménestrandise "(1321), Robert Caveron est nommé directeur en 1338 avec le titre de "Roy des ménestrels du Royaume de France".

À Caveron succède Coppin de Brequin, mentionné avec divers titres en 1357, 1362 et 1367.

Deux actes remontant à la fin du XIVe siècle accolent le titre de "Roy des Ménestriers du Royaume de France" au nom de Jehan Pontevin. Jehan Boisard, dit Verdelet, succède à Pontevin avec le titre de "Roi des Ménétriers". Il est cité dans un document du 19 février 1420 pour avoir reçu un prix du futur Charles VII.

Boisard ne reste pas longtemps à la tête de la corporation pusique, quelques années plus tard, nous trouvons Jehan Fascien (ou Facion) nommé "Roy des Ménestrels".

Après Facien, la liste des directeurs de la corporation s'interrompt sur un siècle jusqu'à François Roussel, supérieur de la corporation en 1572, auquel succède Claude de Bouchandon, hautboïste d'Henri III auquel est accordé, le 13 octobre 1575, le titre de "Roy et maistre des ménestriers et de tous les joueurs d'instrumens du royaume".

Durant le règne d'Henri IV, en 1590, Claude Nyon, violoniste de la chambre du roi, reçoit la nomination de "Roy des Ménestriers", qu'il cédera, dix ans plus tard, à son fils Guillaume Claude Nyon, dit Lafont, également violoniste de la Chambre du roi.

Dans un document du 8 février 1600 il est mentionné comme "Roy des joueurs d'instrumens par tout le royaume". On ne sait rien de son fils, qui ne lui a certainement pas succédé dans la charge de directeur de la Ménestrandise puisque, le 17 mars 1620, François Rishomme, violoniste du roi, est mentionné avec le titre de "Roy des joueurs d'instrumens". Quatre ans après, le 12 décembre 1624, Louis XIII nomme Louis Costantin, violoniste de cour, comme "Roy et maître des ménétriers et de tous les joueurs d'instrumens, tant haut que bas du royaume".

Costantin, auteur de nombreuses pièces à cinq et six voix pour violon, alto et basse continue, fut l'un des musiciens les plus fameux de son temps. Son fils, Jean Costantin, figure en 1657, comme l'un des vingt-quatre violons de la Chambre du roi.

À Costantin succède, en 1641, Claude Dumanoir. Ce dernier cède la charge, le 21 novembre 1657, à son neveu, Guillaume Dumanoir, l'un des vingt-quatre violons de la Chambre du roi, qui reçoit de Louis XIV le titre de "Roi des violons, maître à danser et joueurs d'instrumens tant haut que bas". Quand Guillame Dumanoir se démet de sa charge, le 15 août 1668, le titre passe à son fils, Guillaume Dumanoir le jeune.

Après la démission de ce dernier en 1695, Louis XIV ne lui nomme aucun successeur, laissant le titre vacant. Ce n'est qu'en 1741, que Louis XV nomme Jean-Pierre Guignon à la tête de la corporation.

En 1773, Guignon se démet et demande la suppression de la Ménestrandise, désormais considérée comme anachronique. 

Louis XV, par un édit de mars 1773, accepte la démission de Guignon et supprime l'office de roi des ménestrels. La corporation est ensuite abolie en février 1776.

Controverses...

François Couperin

La haute considération dont jouissaient les musiciens de la Chapelle royale, lesquels ne faisaient pas partie de la Ménestrandise, de l'Académie royale de danse (1661), de l'Académie française de l'opéra en vers et en musique (1669) et de l'Académie royale de musique (1672) causèrent le déclin de la Ménestrandise et le conflit entre ses membres et les autres musiciens.

François Couperin

En 1693 un groupe de compositeurs, parmi lesquels se trouve François Couperin, présentent à Louis XIV une lettre de protestation contre la corporation, l'accusant d'être trop restrictive à l'égard des libertés des musiciens. Une protestation similaire est présentée en 1707 et, à la suite de chacune de ces deux affaires, le pouvoir excessif de la corporation est redimensionné.

François Couperin écrit pour l'occasion une suite pour clavecin intitulée « Les Fastes de la grande et ancienne Mxnxstrxndxsx » (le titre était composé de caractères énigmatiques pour éviter d'être cité en justice par la corporation), précisément composée comme une satire destinée à tourner en dérision les membres de la corporation.

Pour les musiciens cultivés, les membres de la Ménestrandise n'étaient que des jongleurs, des vielleux et des bouffons avec des singes dressés, ignorant la musique et prétendant au paiement de taxes absurdes.

Dans le « Recueil des édits », décrets du conseil du Roi, lettres patentes, mémoires et décisions du Parlement pour les musiciens du royaume publié par Pierre Robert Christophe Ballard en 1774 sous l'égide du Corps de la Musique de Sa Majesté, se trouve une chronique du confit entre corporations et musiciens des autres organisations :

« Les tentatives répétées de la Ménestrandise pour forcer les musiciens à entrer dans la communauté et à payer les taxes d'inscription correspondantes, les innombrables procès générés de ce fait, dans la capitale comme dans le reste de l'État, et le peu de respect démontré pour assurer la liberté musicale sont les motifs qui ont conduit à l'édition du présent code. »

Effectivement, la liberté musicale fut à l'origine de différents problèmes. La première plainte est celle de Guillaume Dumanoir, directeur général de la Ménestrandise, qui, en avril 1662, s'oppose à la création de l'Académie de Danse. Sa pétition suscite une riposte détaillée de la part des académiciens parisiens, avec un discours démontrant que la danse, dans sa partie la plus noble, n'avait pas besoin d'instruments de musique.

Guillaume Dumanoir perdit le procès le 30 août 1662, mais se vengea en écrivant son libelle « Le mariage de la musique avec la dance, contenant la réponce au livre des treize prétendus Académistes, touchant ces deux arts », publié en 1664.

Lorsque, dix ans plus tard, est instituée l'Académie royale de musique et que les maîtres de danse de l'académie s'abstiennent de présenter leurs lettres de créances à la Ménestrandise, Guillaume Dumanoir le jeune, fils homonyme du précédent et nouveau directeur de la Ménestrandise, tente d'obliger les professeurs à présenter leurs lettres de créance et à payer les taxes d'inscription à la corporation pour ce qui concerne leurs activités en dehors de l'Académie Royale de musique comme les bals, les mariages et les concerts.

Un décret du Conseil royal donna tort à Guillaume Dumanoir. En conséquence, la Ménestrandise perdit le monopole sur les activités des musiciens. Forts de ce décret, le 28 avril 1682, les maîtres de danse obtiennent le monopole de leur enseignement de la danse et peuvent l'enseigner sans être inscrits à la corporation.

Dumanoir, qui ne pouvait supporter que ces maîtres abandonnent la Ménestrandise, dénonça l'Académie Royale de Danse et obtint, le 2 novembre 1691, après dix ans de contentieux, la possibilité pour les membres de la Ménestrandise, en concurrence avec les membres de l'Académie, de recevoir le titre de maestro et de donner des leçons de danse.

Dans la « Déclaration du Roy, portant Reglement pour les Fonctions des Jurez Syndics en titre d'Office de la Communauté des maîtres à danser, & joüeurs d'Instrumens tant hauts que bas, hautbois de la Ville & Faubourgs de Paris, afin de mettre fin aux plaintes », il fut arrêté que personne ne pourrait danser ou tenir spectacle sans être en possession du titre reconnu de maître, à l'exception des treize membres de l'Académie Royale de Danse qui pourraient ainsi continuer à exercer leur art en complète liberté. Après cette décision, Guillaume Dumanoir, accusé de litiges incessants démissionna et fut remplacé par quatre jurés.

Ces jurés déposèrent une nouvelle plainte, cette fois contre les enseignants de clavecin, les compositeurs et les organistes de la Chapelle Royale qui refusaient de s'inscrire à la Ménestrandise.

Le 10 juillet 1693 les maîtres de clavecin, guidés par Nicolas Lebègue, Guillaume-Gabriel Nivers, Jean-Baptiste Buterne et François Couperin, répondirent durement. Le litige se poursuivit durant encore deux ans.

En mai 1695 une décision définitive de la cour s'exprima en faveur des compositeurs, organistes et professeurs de clavecin, contre les jurés de la Ménestrandise.

LES ÉCOLES DE "MÉNESTRANDISE"



Après 1700, les enseignements de la ménestrandie se poursuivent sous plusieurs formes, dans plusieurs domaines, et ce, dans plusieurs différentes institutions, facultés, ou confréries. On y utilise indifféremment les termes "menestrandie" et "menestrandise".

Jusqu’à nos jours, dans plusieurs écoles et universités officielles on enseigne la littérature, la mythologie, les arts plastiques, la danse, le théâtre, la musique, et d’autres domaines, sans considérer que ces enseignements ont pour origines "la ménestrandie".

Il est rarement mentionné que les enseignements de la ménestrandie se sont rependus dans au moins trois voies d’enseignements distinctes. D’abord les enseignements de la "ménestrandise officielle", les enseignements dit "païens" qui ont subsisté aussi jusqu’à nos jours dans les écoles de ménestrels de troubadours, jongleurs, saltimbanques et autres écoles du cirque ; et enfin les "enseignements initiatiques", qui se sont particulièrement perpétués, transmis et conservés dans le plus grand secret.


C’est au tournant de la Renaissance que ces enseignements ont pris trois voies différentes. Les origines remontent à très loin dans le passé. Du temps des druides et des mages. Mais c’est au cours du Moyen-âge que les enseignements circulaient au sein des écoles de ménestrandie. D’abord des enseignements réservés aux artistes, mais comportant des volets plus spirituels.

La "ménestrandie païenne" est la plus ancienne, et ses enseignements remontent au temps des druides, mages, et aèdes...

La ménestrandise officielle est née des exigences de l’État, de l’Empire et de l’Église...

La "ménestrandise initiatique" est née au cours des Croisades. Elle existait déjà du temps de Pierre l’Ermite, et était considéré comme étant inspirée du "Culte à Mystère" de la Grèce antique, voire de l’"Orphisme".

Après 1700, plusieurs fraternités, et/ou confréries d’artistes, musiciens, danseurs, comédiens, ont entretenues et poursuivit les enseignements de l’une ou l’autre des trois voies.

Les écoles et universités officielles de par le monde ont choisit de poursuivre les enseignements des arts selon les préceptes déjà mis en place précédemment.

Les école de cirques, école de masque, école de théâtre, de marionnettes et d’autres, ont conservées plusieurs des enseignements des bateleurs, troubadours, bouffons et jongleurs du moyen-âge. Mais certains des enseignements ont été plutôt conservés dans le plus grand secret, dans des cercles d’enseignements druidiques, ou wicca...

La ménestrandise initiatique est ni plus ni moins la "trobardise" (les arts des troubadours). Les ouvrages qui la concerne ont pour la plupart été rédigées en langue d’oc. Chez les ménestrels, c’est surtout chez les troubadours qu’était enseigné la "ménestrandise initiatique".

On y retrouve des préceptes païens, encore une fois d’origines ancienne (druides, mages, aèdes) et une influence "bogomile", cathare, templière, des allusions au mithraïsme, à l’orphisme, à la chevalerie, aux croisades, etc...

L’enseignement des arts y est intimement lié à l’ésotérisme, à la mythologie, aux principes "holistiques" et à ce que les gens du Moyen-âge appelaient à tord "le gnosticisme".

De fait, puisque la ménestrandise initiatique est associé aussi à l’ésotérisme chrétien...

Enfin, avant comme après la Renaissance les enseignements de la ménestrandise initiatique ont toujours été livrés dans le plus grand des secrets. Les grands maîtres de ces écoles se trouvaient alors dans le nord de l’Italie, et Dante y fut initié.

Peu après l’époque glorieuse de Dante, ces enseignements se sont poursuivit, la plupart du temps, au sein de sociétés secrètes... La Fraternité de la Rose-Croix, L’Ordre des Chevaliers du Divin Paraclet, L’Ordre des Chevalier de l’Étoile des Mages, La Confrérie des Bateleurs, La Confrérie des Goliards, La Fraternité des Pèlerins, etc...

À Suivre...

Au cours des articles à venir sur ce blog, nous allons aborder tous les sujets concernant la ménestrandie, et ce, dans toutes les sphères qui la concerne... Musique, poésie, théâtre, "fidele d’amor", chevalerie, mais aussi les aspects historiques, et les domaines initiatiques...

Donc, c’est à suivre...

jeudi 13 juin 2013

JOHN DOWLAND (1563-1626)


John Dowland est un compositeur et luthiste né en Angleterre ou en Irlande en 1563 et mort le 20 février 1626.

Très peu d'éléments sur la première partie de sa vie sont disponibles, mais il serait né à Londres ou peut-être à Dublin. Séjournant à Paris au service de l'ambassadeur auprès de la cour française, il se convertit au catholicisme romain.

Selon ses dires, cela contribua à l'écarter d'un poste à la cour protestante d'Élisabeth Ire d'Angleterre, et l'amena à travailler à la cour de Christian IV de Danemark.

Retournant en Angleterre en 1606 puis en 1612, il assura un des postes de luthiste auprès de Jacques Ier d'Angleterre et curieusement, il n'y a plus aucune composition depuis cette date jusqu'à sa mort à Londres en 1626.

Œuvre :

La plus grande partie de sa musique est destinée à son instrument, le luth. Son œuvre comprend donc plusieurs pièces pour luth seul, des lute songs (chansons pour une voix et luth), des chants à plusieurs parties vocales et luth, et plusieurs œuvres pour consort (ensemble instrumental) de violes et luth.

Une de ses pièces les plus connues est le lute song "Flow My Tears".

Il écrivit par la suite son œuvre instrumentale la plus connue, "Lachrimae or Seaven Teares Figured in Seaven Passionate Pavans" (Pleurs ou Sept larmes représentées par sept pavanes passionnées), un groupe de sept pavanes pour cinq violes et luth, chacune étant basée sur "Flow My Tears".

Cette pièce devint l'une des plus connues de la musique pour ensemble instrumental de cette époque. Sa pavane "Lachrymae antiquae" fut aussi l'un des grands succès du XVII siècle.

La musique de Dowland exprime souvent la mélancolie, un sentiment très présent dans la musique de cette époque. Il écrivit d'ailleurs une pièce pour ensemble dont le titre pourrait selon certains résumer son œuvre, intitulée "Semper Dowland, semper dolens" (toujours Dowland, toujours souffrant). Ce serait cependant oublier d'autres pièces plus humoristiques, comme "My Lord Chamberlain, His Galliard" une invention pour deux luthistes jouant sur un seul luth.

PARTITIONS GRATUITES :
Partitions libres de John Dowland dans International Music Score Library Project
Partitions libres de John Dowland dans Choral Public Domain Library (ChoralWiki)

"Now, oh, now I needs must part"

"Flow my Tears"

"Come heavy Sleep"

"Lachrimae, Pavane and Gaillard" for Luth

"In Darkness, let me Dwell"

mercredi 12 juin 2013

ROLAND DE LASSUS (1523-1594)


Roland de Lassus [lasys] (ou Orlando di Lasso, Orlande de Lassus ou encore Roland Delattre), né à Mons en 1532 et mort à Munich le 14 juin 1594, est un compositeur de l'école franco-flamande, vers la fin de la Renaissance. Il est aussi considéré comme un compositeur européen.

Dès son plus jeune âge, Roland de Lassus étudie la musique. Il est d'ailleurs très vite inscrit comme enfant de chœur (enfant chantant dans le chœur) et donc comme élève de la maîtrise de l'église Saint-Nicolas-en-Havré de Mons (Belgique) où il étudiera le chant jusqu'à l'âge de 12 ans.

Sa voix exceptionnelle attirait les convoitises, si bien qu'il fut à trois reprises l'objet de tentatives d'enlèvement. À l'âge de douze ans, il quitte les Pays-Bas avec Ferdinand Ier Gonzague et se rend à Mantoue, en Sicile, et plus tard Milan (de 1547 à 1549). À Milan, il fait la connaissance du madrigaliste Hoste da Reggio (Bartolomeo Torresano), qui aura une influence formatrice sur son premier style musical.

Hommage à Roland de Lassus à Mons ville où il fut chantre dans la paroisse Saint Nicolas en Havré

Il a ensuite travaillé en tant que chanteur et compositeur pour Costantino Castrioto à Naples au début des années 1550, et ses premières œuvres datent de cette époque. Ensuite, il s'installe à Rome, où il travaille pour Cosme Ier de Médicis, grand-duc de Toscane. En 1553, à Rome, il devient maître de chapelle de la basilique St-Jean-de-Latran, un poste prestigieux pour un homme de vingt-un ans. Toutefois, il n'y reste qu'un an (Palestrina lui succédera en 1555).

On perd sa trace en 1554, mais des recherches récentes permettent de supposer qu'il a voyagé en France et en Angleterre. En 1555, il retourne aux Pays-Bas et ses premières œuvres sont publiées à Anvers (1555-1556). En 1556, il rejoint la cour d'Albert V de Bavière, qui désire s'entourer de musiciens prestigieux à l'instar des cours des princes italiens. Lassus a été l'un des ressortissants des Pays-Bas à y travailler, et de loin le plus célèbre. Il est évident qu'il était heureux à Munich et a décidé de s'y installer. En 1558, il épouse Regina Wäckinger, la fille d'une dame d'honneur de la duchesse ; ils ont deux fils, devenus tous deux compositeurs. En 1563, Lassus est nommé maître de chapelle à Munich, succédant à Ludwig Daser à ce poste. Il demeure au service d'Albert V et son héritier, Guillaume V de Bavière, jusqu'à sa mort.

Son art fut d'emblée reconnu et il était surnommé le « divin Orlande » par le poète Ronsard, « Prince de la musique » par ses contemporains, ou, plus tard, « Orphée belge ». Dans les années 1560, Lassus était devenu très célèbre, et des compositeurs se rendaient à Munich pour étudier avec lui, comme Andrea Gabrieli.

Celui-ci s'y était rendu en 1562, et peut-être est-il resté dans la chapelle pour une année ; le neveu d'Andrea, Giovanni Gabrieli a sans doute étudié avec Lassus dans les années 1570. Sa renommée s'est propagée en dehors du milieu musical proprement dit, car en 1570 l'empereur Maximilien II l'anoblissait, fait rare pour un compositeur. Le pape Grégoire XIII le fit chevalier. En 1571 et en 1573, le roi Charles IX de France, l'invita à sa cour.

Certains de ces rois et aristocrates ont tenté de l'éloigner de Munich avec des offres plus attrayantes, mais Lassus était évidemment plus intéressé par la stabilité de sa position, et les possibilités offertes par la cour d'Albert, que par l'aspect purement financier. « Je ne veux pas quitter ma maison, mon jardin, et les autres bonnes choses à Munich », a-t-il écrit au duc de Saxe en 1580, après avoir reçu une offre pour un poste à Dresde.

À la fin des années 1570 et 1580, Roland de Lassus a effectué plusieurs voyages en Italie, où il a été en contact avec les styles et tendances les plus modernes. Il écrivit « Ô vin en vigne », ronde de vendangeurs harmonisée en 1576. 

À Ferrare, centre de l'activité avant-gardiste, il a sans doute entendu les madrigaux composés pour la cour d'Este, mais son style est resté conservateur et est devenu plus simple et plus raffiné.

Dans les années 1590, sa santé commença à décliner. Après avoir subi une attaque cérébrale, il a consulté un médecin du nom de Thomas Mermann pour soigner ce qu'on appelait « mélancolie hypocondriaque », mais il était encore capable de composer et même de voyager à l'occasion. Ses dernières œuvres sont d'ailleurs souvent considérées comme majeures : un ensemble de 21 madrigaux spirituels connu sous le nom « Lagrime di San Pietro » (« Les larmes de Saint Pierre »), qu'il a dédié au pape Clément VIII, et publié à titre posthume en 1595.

Lassus est décédé à Munich le 14 juin 1594, le jour même où son employeur avait décidé de se séparer de lui pour des raisons financières. Il n'a jamais lu la lettre lui signifiant son congé.

Musique et influence



Roland de Lassus est l'un des compositeurs les plus prolifiques, polyvalents et universels de la Renaissance tardive. Il a écrit plus de 2 000 œuvres dans tous les genres en latin, français, italien et allemand. Il s'agit notamment de 530 motets, 175 madrigaux italiens et villanelle, 150 chansonsfrançaises et 90 lieder allemands!

On n'a pas de traces de musique strictement instrumentale : une absence intéressante pour un compositeur par ailleurs si ambitieux et prolifique, à une époque où la musique instrumentale était devenue partout en Europe, une forme importante d'expression. Ses œuvres complètes ont été publiées par Breitkopf (21 volumes 1894-1926).

Musique sacrée :

Pendant cette période de conflits religieux, Roland de Lassus est resté catholique, sur un mode pragmatique et tolérant. Cela semble évident à l'audition de ses chansons profanes et de certaines « messes » et « Magnificat » parodiques : basées sur des compositions profanes, ces œuvres religieuses développaient des chansons polyphoniques répandues et plaisantes. Il est important de faire remarquer que cette pratique, coutumière à l'époque, était éloignée de toute idée de caricature ou de facilité. Plus tard, la Contre-Réforme catholique, qui, sous l'influence des Jésuites, avait atteint un sommet en Bavière à la fin du xvie siècle, aura une influence notable sur le travail de Lassus, dans sa musique liturgique pour le rite romain, par le nombre important de Magnificat, dans sa mise en polyphonie des mélodies du psautier catholique de Caspar Ulenberg (1588), et plus encore dans le grand cycle pénitentiel de madrigaux spirituels, les Lagrime di San Pietro (les Larmes de saint Pierre, 1594). Lassus s'éloignait de certaines pratiques anciennes et s'inscrivait dans une première descendance du concile de Trente, dont les réformes nourriront l'art baroque, à l'époque suivante.

Messes :

Près de 60 messes complètes ont été conservées. La plupart d'entre elles sont des messes parodiques basées sur des œuvres religieuses ou profanes écrites par lui-même ou par d'autres compositeurs. Techniquement impressionnantes, elles sont, sans surprise, la partie la plus conservatrice de sa production. À cette époque, une messe est conforme au style de la « matière » d'origine, qui va du chant grégorien (monodique) à des compositions polyphoniques contemporaines comme des motets ou des madrigaux, mais elle adopte toujours un caractère expressif adéquat. Certaines de ses messes sont conçues à partir de chansons françaises très profanes, dont certaines sont à l'origine franchement obscènes. Entre vous filles de quinze ans, de « Clemens non Papa », lui a donné la matière pour sa « Missa » Entre vous filles (1581), sans doute son choix le plus étonnant.

Cette pratique était non seulement acceptée, mais encouragée par l'Église. Concernant Lassus, la preuve se trouve dans sa correspondance avec ses employeurs, une grande partie de celle-ci nous étant parvenue.

En plus de ses messes parodiques traditionnelles, Roland de Lassus a écrit une quantité considérable de « Missae breves », (« Messes brèves »), destinées à des services de courte durée (par exemple, les jours où le duc Albert allait à la chasse, il ne voulait pas d'être retenu trop longtemps par une musique polyphonique de longue haleine). La plus significative d'entre elle est connue sous le nom de Messe des chasseurs (Venatorum Missa).

Certaines de ses messes montrent l'influence de l'école vénitienne, en particulier dans l'utilisation des techniques de polychoralité (par exemple, la "Missa Osculetur me", à huit voix, basée sur son propre motet "Osculetur me" ("Qu'il m'embrasse, du baiser de sa bouche"), tiré du Cantique des cantiques du roi Salomon. Dans cette messe, deux chœurs se répondent et s'entremêlent. En tout, trois de ses messes sont écrites pour double chœur. Elles ont aussi influencé les Vénitiens eux-mêmes. Après tout, Andrea Gabrieli avait rendu visite à Lassus à Munich en 1562, et beaucoup d'œuvres de Lassus ont été publiées à Venise. Même s'il a utilisé le style vénitien contemporain, son langage harmonique est resté sage dans ces œuvres : il a adapté les conceptions vénitiennes à ses propres objectifs artistiques.

Motets et autres musiques liturgiques :

Roland de Lassus s'est illustré dans un style connu à l'époque comme musica reservata (ou musica secreta). La signification exacte du terme reste un sujet de débats, même s'il existe un certain consensus entre les musicologues. Il s'agit de mettre le texte en musique de façon expressive et intense, en mêlant échelle chromatique et échelle diatonique. Un exemple célèbre d'une composition de Lassus, écrite dans ce style, est sa série de 12 motets intitulé "Prophetiae Sibyllarum" (les "Prophéties de la Sybille"), qui annonce le chromatisme de Carlo Gesualdo. Innovante pour l'époque, cette manière de composer n'est réapparue qu'au xxe siècle.

Lassus a écrit quatre versions de la Passion, sur les quatre textes écrits par les évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Toutes sont a cappella. Les paroles du Christ et le récit de l'évangéliste (l'un et l'autre chantés) alternent avec les passages polyphoniques.

En tant que compositeur de motets, l'œuvre de Lassus est l'une des plus diversifiées et prodigieuses de toute la Renaissance. Sa production varie du sublime à la bouffonnerie. Il faisait parfois preuve d'un sens de l'humour surprenant dans la musique sacrée. Par exemple, un de ses motets, "Super flumina Babylonis"(Psaume 137) comprend des bégaiements, arrêts et redémarrages, et une confusion générale ; elle est liée au concept de plaisanterie musicale, que Mozart utilisera encore deux siècles plus tard.

Plusieurs de ses motets ont été composés à l'occasion de cérémonies, comme on pouvait s'y attendre d'un compositeur de la cour qui devait offrir de la musique pour des visites de dignitaires, des mariages, des traités et autres événements de l'État. Mais il était surtout un compositeur de motets religieux qui lui apportèrent sa gloire et sa réputation.

La version de Roland de Lassus des Psaumes de pénitence de David ("Psalmi pœnitentiales Davidis", éd. Munich, 1584) est l'une des plus célèbres de toute la Renaissance. Le contrepoint est libre, en évitant l'imitation généralisée des franco-flamands, comme Nicolas Gombert, utilisant parfois des dispositifs différents de Palestrina.

Comme ailleurs, Lassus s'efforce de mettre en valeur l'impact émotionnel. L'avant-dernière pièce, "De profundis" (Psaume 130, ici sixième Psaume), est considérée par de nombreux spécialistes comme l'un des sommets de la polyphonie de la Renaissance, à l'égal de Josquin des Prés.

Parmi ses autres compositions liturgiques, on trouve des hymnes, des cantiques (dont plus de 100 Magnificat), des répons pour la Semaine sainte, les Passions, des Lamentations, et des pièces pour les fêtes majeures.

Musique profane

Roland de Lassus a écrit dans toutes les formes profanes de l'époque. Dans la préface de son recueil de chansons allemandes, Lassus énumère ses œuvres profanes : madrigaux italiens et chansons françaises, chansons allemandes et néerlandaises. Il est probablement le seul compositeur de la Renaissance à écrire de façon prolifique en cinq langues - le latin en plus de celles mentionnées ci-dessus - et il a écrit avec une aisance égale dans chacune d'elles. Beaucoup de ses chansons sont devenues très populaires dans toute l'Europe. Dans ces diverses chansons profanes, il se plie à la manière du pays d'origine tout en conservant toujours son originalité.

Madrigaux italiens :

Dans ses madrigaux, dont beaucoup ont été composés pendant son séjour à Rome, son style est clair et concis. Les airs sont facilement mémorisables. Le compositeur a également "signé" son travail en utilisant fréquemment le mot "Lasso" ou les notes la-sol. Son choix de la poésie variait fortement, de Pétrarque pour ses travaux plus sérieux à des vers plus légers pour certaines de ses amusantes canzonette.

Lassus souvent a regroupé ses madrigaux en cycles. Par exemple, son quatrième livre de madrigaux à cinq voix commence par unesestina, ou sextine, de Pétrarque, se poursuit avec deux sonnets, et conclut avec une autre sextine : c'est pourquoi le livre entier peut être entendu comme une composition globale formée de pièces indépendantes reliées entre elles.

Chansons françaises :

Une autre forme que Roland de Lassus a cultivée est la chanson française. Il en a écrit environ 150. La plupart d'entre elles datent des années 1550, mais il continua à en écrire, même lorsqu'il vécut en Allemagne. Les dernières productions dans ce genre datent des années 1580. Elles étaient très populaires en Europe. Beaucoup ont été transcrites pour des instruments. La plupart se trouvent dans des recueils publiés dans les années 1570 et 1580 : deux par Pierre Phalèse en 1571, et deux par Le Roy et Ballard en 1576 et 1584. Les styles sont variés : des compositions dignes et graves mais aussi ludiques, grivoises, et amoureuses. En 1576, par exemple, Roland de Lassus met en musique un poème de Joachim Du Bellay ("La nuict froide et sombre"), et en fait une chanson de genre profane, à quatre voix.

La pièce est d'écriture polyphonique et d'un grand raffinement expressif. Dans ces recueils, on trouve aussi des chansons à boire adaptées à des circonstances privées ou aux tavernes. Lassus est plus proche de Claudin de Sermisy que de Clément Janequin.

L'une des plus célèbres chansons à boire de Lassus a été utilisée par Shakespeare dans la deuxième partie d'Henry IV (Acte V, Scène III) : Un jour vis un foulon qui fouloit.

Lieder allemands :

Un troisième type de composition laïque est le lied allemand. La plupart de ces lieder sont destinés à un public différent, car ils sont très différents de ton et de style par rapport aux chansons françaises ou aux madrigaux italiens. De plus, Lassus les a écrits plus tard dans sa vie, après 1567, quand il était déjà bien établi à Munich. Beaucoup sont sur des sujets religieux, bien qu'on en trouve de plus légers. Il a également écrit des chansons à boire en allemand et des chansons sur les aspects malheureux dus aux excès de boisson.

Chansons néerlandaises :

Dans la préface de son recueil de chansons allemandes, Lassus affirme avoir composé des chansons néerlandaises. Toutefois, aucune d'entre elles n'a été conservée.

L'importance de Roland de Lassus


Le musicologue Robert Wangermée considère que ce musicien a été au xvie siècle le plus célèbre de toute l'Europe, bénéficiant d'un immense succès non seulement auprès des élites sociales, mais aussi d'un public socialement beaucoup plus large. Le lien avec la langue est important chez ce compositeur. Ramassant les nombreuses pages qu'il lui consacre en quelques lignes de conclusion synthétiques, Wangermée écrit :

« En définitive, ce qui pourrait caractériser la musique de Lassus, c'est qu'elle renonce à tout a priori dans la construction ; on n'y trouve pas, ou rarement, de cantus firmus, pas d'imitation systématique. Le texte est toujours le moteur de l'inspiration ; il suscite le plus souvent des motifs assez brefs, adaptés à chaque phrase et à chaque mot-clé. 

S'éloignant délibérément de l'esthétique du grégorien qui s'est longuement perpétuée chez les contrapuntistes, R. de Lassus ne craint pas de bousculer la phrase par des sauts inattendus, de l'entrecouper par des silences qui, eux aussi, ont un rôle expressif. À la recherche des contrastes, il ne développe que brièvement dans des imitations qui ne sont pas longtemps poursuivies, des petits motifs méthodiques bien caractéristiques et ce contrepoint sans lourdeur alterne souvent avec des épisodes de sytle homophonique.

Dans certaines œuvres ; l'écriture accordique l'emporte délibérément, avec une déclamation syllabique assez rapide. Pour répondre aux suggestions du texte, R. de Lassus peut recourir à des archaïsmes, un contrepoint sévère, du chromatisme, des dissonances accumulées. Tout est conditionné par un souci expressif qui ne dédaigne pas les effets dramatiques. En respectant les normes de l'écriture contrapuntique, Roland de Lassus met en œuvre des techniques différentes et même des langages qui ont varié selon les genres, les œuvres et les effets à atteindre. Sa musique présente, en somme, une démonstration de tous les procédés d'écriture et de toutes les possibilités expressives de l'art contrapuntique des Pays-Bas au moment même où il était menacé. »

Des parodies protestantes des œuvres de Lassus ont circulé à La Rochelle, à Genève et à Londres : édités par Jean Pasquier et Simon Goulart, elles avaient pour but de donner aux paroles de ses chants l'élévation spirituelle qu'appelait sa musique.

BIBLIOGRAPHIE :
- « Le luth et Lassus », Christine Ballman, Académie Royale de Belgique, 2011, 288 p.
- « Roland de Lassus », Annie Cœurdevey, Librairie Arthème Fayard, 2003
- « Roland de Lassus », Charles Van den Borren, La Renaissance du livre, 1944
- « Roland de Lassus et la fin de l'âge d'or » in Robert Wangermée et Philippe Mercier (dir.), La musique en Wallonie et à Bruxelles. Tome I, Des origines au XVIIIe siècle, Robert Wangermée, (Bruxelles, La Renaissance du livre, 1980)

PARTITIONS GRATUITES :

"La nuict froide et sombre"

"Bonjour mon Coeur"

"Missa Entre Vous et Filles"

"Hieremiae Prophetae"

"Psalmi Davidis Poenitentialis"

lundi 10 juin 2013

CLAUDE GERVAISE (vers 1550)



Claude Gervaise est un compositeur français du xvie siècle, réputé pour ses livres de "Danceries".

Ses activités se situent à Paris autour des années 1550, où un document le mentionne comme simple musicien compositeur, ce qui explique pourquoi nos musicologues actuels réfutent la version de Fétis selon laquelle Gervaise aurait été joueur de viole et musicien de la chambre des rois François Ier et Henri II.

Une quarantaine de ses chansons à trois et quatre voix ont été publiées chez Pierre Attaingnant entre 1545 et 1556.

Selon Brossard, il aurait publié en 1555 chez Attaingnant un "Livre de Viole" contenant une brève instruction pour cet instrument, livre qui n’a pas été conservé.

ŒUVRES :

Quart livre contenant 26 chansons musicales à trois parties (1550); l'une de ces pièces est le sonnet "Au temps heureux de Mellin de Saint-Gelais".

plusieurs autres chansons dans des recueils collectifs

plusieurs "Livres de Danceries" (1550-1557) parmi lesquelles "Le branle double A Paris", "Il y a une vieille", "Bransle de Champaigne"... Certaines ont inspiré la "Suite française" d'après Claude Gervaise de Francis Poulenc.

Partitions gratuites :

"Danceries"

"Bransle de Champaigne"

"Gaillarde"

EUSTACHE DU CAURROY (1549-1609)


Le compositeur français François-Eustache Du Caurroy est né à Gerberoy (Oise) le 4 février 1549 et mort à Paris le 7 août 1609.

Né près de Beauvais, Du Caurroy approfondit ses études musicales auprès de Claude Le Jeune. D'abord chantre (choriste) à la Chapelle royale d'Henri III, il entreprit de composer et remporta trois fois un prix au Puy de musique d’Évreux, concours de composition créé par Guillaume Costeley : en 1575, il obtint le Cornet d'argent pour une chanson polyphonique à quatre voix, et en 1576, il reçut l'Orgue d'argent pour son motet à cinq voix « Tribularer si nescirem » (perdu).

En 1583, le Luth d'argent le récompensa pour Beaux yeux, une chanson à cinq voix (perdue).

Dans les années 1580, il exerça à la chapelle privée de Catherine de Médicis. De sous-maître de la Chapelle Royale (c'est-à-dire responsable de la musique de cette Chapelle), il devint compositeur de la Chambre du roi en 1595.

Entre 1596 et 1606, il obtint plusieurs bénéfices ecclésiastiques : un canonicat à la Sainte-Chapelle de Dijon, les prieurés de Saint-Cyr-en-Bourg, Passy et Saint-Ayoul de Provins ainsi qu'une autre prébende canoniale à la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.

Dernier maître de la polyphonie à la fin de la Renaissance, Du Caurroy fut comparé à Roland de Lassus, musicien franco-flamand de renommée européenne. Il servit trois rois de France et accumula les honneurs. Ses œuvres vocales et instrumentales jouirent d'une grande considération. 

Au soir de sa vie, se rendant compte qu'en tant que ce musicien du roi, il n'avait pratiquement pas eu besoin de publier sa musique, Du Caurroy confia à l'imprimeur parisien Pierre I Ballard l'édition d'une partie de ses œuvres.

ŒUVRES

Œuvres sacrées :

Preces ecclesiasticæ ad numeros musices redactæ (Paris : Pierre Ballard, 2 vol., 1609). 53 motets (pour 3 à 9 voix) et 4 psaumes.

Trois Te Deum et un Pie Jesu à 6 voix, publiés en 1636 dans l’Harmonie universelle de Marin Mersenne.

Missa pro defunctis (« Messe pour les défunts »), à 5 voix (1606). Éd. Paris : Pierre Ballard, 1636. D'après Sébastien de Brossard), cette messe a été chantée lors des enterrements royaux durant presque deux siècles, ce qui lui a valu le surnom de Messe pour les enterrements des rois de France. Moins d'un an après la mort du compositeur, elle fut exécutée lors des funérailles d'Henri IV (1610).

Œuvres profanes :

Les Meslanges de la Musique (Paris : Pierre Ballard, 1610). 65 pièces diverses natures, de 4 à 6 voix, dont 10 psaumes et 15 Noëls. Du Caurroy y reprend parfois le principe de la « musique mesurée à l'antique » de Claude Le Jeune.

Une quarantaine de chansons, à 4 et 5 voix, figurent dans des recueils collectifs.

Œuvres instrumentales :

42 fantaisies (Paris : Pierre Ballard, 1610). Ces Fantaisies constituent une brillante compilation de pièces instrumentales sur des thèmes variés, empruntés aussi bien à des psaumes qu'à des chansons célèbres de l'époque, écrites pour trois à six parties.

Œuvre théorique :

On lui attribue parfois à tort le "Traicté de musique contenant une théorique succincte pour méthodiquement pratiquer la composition" (Paris, Ballard, 1602, 18 fos). L'auteur est en fait Adrian Le Roy (1ère édition : Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1583).

Partitions diverses, gratuites, ICI : IMSLP

"3 Fantaisies - Hesperion XX"

"Une Jeune Fillette"

"Requiem des Rois de France"

dimanche 9 juin 2013

JACQUES ARCADELT (1504-1568)


Jacques Arcadelt est un compositeur franco-flamand né vers 1504 et mort à Paris le 14 octobre 1568.

Probablement élève de Josquin des Prés en France, il étudia ensuite à Florence avec Philippe Verdelot.

Il vécut certainement dans l'entourage d'Adrian Willaert à Venise où il publia tous ses recueils de madrigaux (5 livres à 4 voix et 1 à 3 voix).

Il fut également à Rome chanteur de la chapelle papale et enfin au service du cardinal de Lorraine à Paris où il publia des messes, des motets et des chansons.

Certaines de ses chansons ont été ensuite reprises et adaptées par Jehan Chardavoine, et publiées dans son « Recueil des plus belles et excellentes chansons en forme de voix de ville tirées de divers autheurs et poètes françois tant anciens que modernes ausquelles a été nouvellement adaptée la musique de leur chant commun », le premier recueil de chansons populaires, paru en 1575.

"Se la dura durezza"

"Margot Labourez les Vignes"

"Il Bianco e Dolce Cigno"

samedi 8 juin 2013

THOINOT ARBEAU (1520-1595)


Thoinot Arbeau (pseudonyme anagramme de son vrai nom, Jehan Tabourot) est un chanoine, compositeur et écrivain langrois né à Dijon le 17 mars 1520 et mort à Langres le 23 juillet 1595.

Œuvres :

« Compot et manuel kalendrier... ensuyvant la correction ordonee par nostre Sainct Pere Gregoire XIII », composé par Thoinot Arbeau demeurant en ladicte ville de Lengres... . Langres : Jean des Preys, 19 décembre 1582. 4°, 32 p. Paris Ars : 4° ScA 3397.

« Compot et manuel kalendrier, par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & sçauoir les cours du Soleil, & de la Lune, & semblablement les festes fixes & mobiles, que l'on doit celebrer en l'Eglise, suyuant la correction ordonee par nostre S. Pere Gregoire XIII ». Paris : Jean Richer, 1588. 8°, 47 f. Paris BIU Sainte-Geneviève : 8 V 593 INV 2633 RES (P.1).

« Almanach ou Prognostication des laboureurs », (Paris 1588).


« Orchésographie ou Traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & practiquer l'honneste exercice des dances ». Langres : Jean des Preys, 1589 (privilège daté du 22 novembre 1588). L'ouvrage connaît une réédition posthume en 1596.

L’Orchésographie est le corpus le plus complet des danses pratiquées au XVIe siècle. C'est aussi et surtout le premier manuel de danse qui indique avec précision les pas à exécuter en regard de la partition musicale.

Ouvrage à consulter :

« Jean Tabourot et son temps : actes des journées d'étude organisées pour le quatrième centenaire de l'Orchésographie », (Langres, mars et septembre 1988). Langres : Société historique et archéologique de Langres, 1989. 8°, 183 pages, ill.

MUSIQUE DE THOINOT ARBEAU

"Belle qui tient ma Vie"

"Les Bouffons"
(tiré de : "Orchesographie")

"Las Volta"

"Branle"
(tiré de : "Orchesographie")